L’annonce de la fin de vie par le corps médical génère beaucoup de vives émotions, tant chez les malades que chez leurs proches. Les psychologues spécialisés en soins palliatifs prodiguent alors un accompagnement particulier pour apaiser les diverses angoisses ressenties par les patients. Pour un suivi réussi, les professionnels se doivent de rester attentifs, à l’écoute et empathiques.
Les besoins de la personne soignée
A la fin des années 1970, une infirmière américaine, Jean Watson, a établi une théorie des besoins de la personne soignée. Inspirée de la célèbre pyramide des besoins d’Abraham Maslow, celle-ci se base sur ses observations en tant que professionnelle de santé et a pour but de guider les soignants dans leur accompagnement des patients en fin de vie. D’après Jean Watson, ces derniers présentent quatre types de besoins distincts, répartis en une hiérarchie bien définie : d’abord, les besoins biophysiques, qui concernent l’alimentation, l’hydratation ainsi que la ventilation du sang et des poumons. Ensuite, viennent les besoins psychophysiques, relatifs à l’alternance de phases de repos et d’activité. En troisième position se trouvent les besoins psychoaffectifs, qui renvoient à la notion d’appartenance et d’accomplissement personnel. Il s’agit d’une étape particulière, où le malade prend conscience de sa situation et ressent de très vives émotions, notamment de la colère ou des angoisses. Enfin, le quatrième type de besoins dans la théorie de Jean Watson concerne la spiritualité. A ce moment-là, le patient se voit confronté à des questionnements existentiels que les professionnels de santé doivent écouter pour l’apaiser et l’accompagner sereinement dans sa fin de vie. Le travail des psychologues en soins palliatifs intervient surtout dans ces deux dernières phases.
Psychologie de la fin de vie : apaiser les angoisses des patients
Les besoins d’une personne en fin de vie englobent donc plusieurs aspects, physiques, psychologiques et affectifs. Les psychologues ayant suivi une formation aux soins palliatifs peuvent accompagner les patients dans la phase de recherche d’appartenance et d’accomplissement personnel. En effet, à cause de la maladie, le patient se voit obligé de faire le deuil de beaucoup d’éléments très importants : son autonomie, ses rêves, ses projets en cours et ses différents rôles au sein de son entourage. Cette prise de conscience donne souvent lieu à l’apparition de nombreuses angoisses profondes. Le malade peut craindre de devenir un fardeau pour les autres, redouter la séparation avec ceux qu’il aime, avoir peur de la mort… Les médecins et psychologues doivent donc se montrer à l’écoute de ces inquiétudes pour éviter que le malade ne sombre dans une véritable dépression. Il paraît également primordial que les proches et la famille se rendent disponibles pour lui, afin de pouvoir échanger sur tous les sujets à aborder en fin de vie et de l’entourer de tout leur amour.
Les psychologues spécialisés en soins palliatifs se tiennent aussi aux côtés des personnes en fin de vie dans leurs questionnements spirituels. Dans la pyramide de Jean Watson, cette étape se nomme actualisation de soi : le patient réalise une sorte de bilan de son existence, recherche un sens à celle-ci, à sa maladie et s’intéresse à l’irrationnel, qui ne concerne pas uniquement les préoccupations religieuses. Il éprouve souvent des sentiments forts d’impuissance et d’amertume. Les soignants accueillent alors ses doutes, ses craintes et ses regrets et doivent le réconforter pour l’aider à faire son deuil en douceur.
Quelles compétences nécessaires pour un psychologue en soins palliatifs ?
Le rôle du psychologue en soins palliatifs consiste avant tout à écouter les malades pour apaiser leurs craintes liées à la fin de vie. Ils doivent ainsi faire face à toutes les peurs de ces patients : peur de devenir dépendant des autres, de ne plus voir ceux qu’ils aiment, de les abandonner, de devenir un fardeau, de souffrir, de développer des symptômes aggravants, de mourir… En plus de ces craintes naturelles, ils absorbent aussi très souvent celles de leur entourage, également très inquiet.
Les principales compétences nécessaires aux psychologues dans un tel contexte restent évidemment l’écoute empathique ainsi que la présence attentive et rassurante. Les professionnels doivent savoir accueillir les émotions des malades tout en maintenant avec eux une juste distance émotionnelle. Parmi les techniques utilisées dans le cadre d’un accompagnement en fin de vie, les psychologues et psychanalystes proposent notamment des thérapies axées sur la prise de conscience ou l’introspection, pour les patients moins vulnérables. Il s’agit alors d’amener ces individus à prendre conscience de leurs difficultés au regard de leur vécu personnel. Les psychothérapies centrées sur les récits de vie contribuent à rassurer les patients car elles restaurent une certaine continuité dans leur existence, brisée par l’arrivée de la maladie. Les professionnels les aident alors en mettant en relation leurs réactions et sentiments en rapport avec des éléments de leur passé, afin de les rassurer.
Sources :
https://www.aqsp.org/wp-content/uploads/2022/05/Line-St-Amour_B2.pdf
https://www.sfap.org/system/files/referentiel-psychologues-fr-def.pdf
(Crédit photo : iStock)