Aborder le sujet de la fin de vie lorsque l’on est en forme et valide semble pour beaucoup de monde quasiment impossible tant cela renvoie à la mort.
Pourtant, qu’on le veuille ou non, pour chacun d’entre nous, la vie s’arrête un jour, et quelquefois, cela arrive de façon brutale et inattendue.
Que l’on soit en parfaite santé ou, au contraire, confronté à une maladie évolutive ou au grand âge, il ne devrait pas y avoir de tabou à envisager sa fin de vie et à la préparer en amont.
Pour ce faire, il est bon d’avoir mis à plat certaines choses, échangé avec ses proches, et établi certains documents qui permettront de vous assurer que vos souhaits seront bien respectés.
La clé d’un départ serein, quelles que soient les circonstances, est d’avoir mis de l’ordre dans sa vie, au propre comme au figuré.
Intégrer l’idée de la fin
Pour certains d’entre nous, il est aussi aisé de parler de ses dernières volontés autour d’un verre que d’évoquer ses dernières vacances aux Canaries.
Chez ceux-là, l’idée de la mort – de la leur ou de celle d’un être cher – est bien intégrée, car les personnes qui vivent avec cette idée sereinement sont celles qui s’y sont préparées.
En effet, se préparer à sa propre mort ou à la perte de l’être cher permet d’absorber de façon progressive la réalité et, potentiellement, l’imminence de sa disparition.
Ainsi, être conscient de cette inéluctable réalité facilite l’expression de nos sentiments et émotions et le règlement d’éventuels conflits, mais aussi l’organisation de la vie future.
Les Cafés Mortels : pour faciliter la parole et démystifier le sujet de la mort, des groupes de parole appelés Cafés Mortels invitent, sans tabou, à partager sur nos peurs, croyances, projections, deuils et questionnements autour de la mort et de l’après-vie.
Les démarches concrètes
Les directives anticipées
Les directives anticipées contiennent les instructions que vous souhaitez voir respecter dans les derniers jours de votre vie.
Elles ne concernent pas les souhaits liés aux obsèques, mais plutôt la façon dont doit se dérouler votre prise en charge médicale jusqu’au décès. Par exemple, rester chez vous jusqu’à la fin, être entouré par une personne particulière, ne pas être assisté par des machines, etc.
Elle peut aussi préciser votre souhait de donner vos organes ou non.
Cela permet à tout patient en fin de vie de faire clairement connaître sa volonté aux médecins, au personnel médical et à la famille.
Grâce aux directives anticipées, vous pouvez par exemple faire savoir sans ambiguïté votre volonté de ne pas subir d’acharnement thérapeutique.
Rédiger des directives anticipées a de nombreux avantages :
– Cela libère la personne de confiance d’un poids souvent trop lourd à porter lorsque rien n’a été prévu et qu’elle ne sait pas si elle fait les bons choix pour le malade ;
– Cela écarte tout désaccord familial susceptible d’entraîner des conflits juridiques qui s’ajoutent à la douleur déjà présente.
Une fois vos directives anticipées rédigées, conservez-les et donnez-en une copie à votre médecin et à votre conjoint ou personne de confiance (si elle est différente).
Vous pouvez modifier vos directives anticipées à loisir tout au long de votre vie. Datez-les, ou détruisez les précédentes, pour que seule la dernière version soit bien celle prise en compte.
Conseil : faites en sorte que votre personne de confiance sache où trouver facilement vos directives anticipées le moment venu.
Ces directives anticipées peuvent être rédigées sur papier libre ou via un formulaire prérempli. Pour ne rien oublier et vous aider dans la rédaction, voici un guide des directives anticipées.
Important : vous pouvez revenir sur vos directives anticipées à tout moment. Elles ne remplacent jamais la parole du patient tant que celui-ci est apte à s’exprimer.
Le testament
Pour différentes raisons, il n’est pas toujours évident de se projeter et de rédiger son testament lorsque l’on est en bonne santé. Cette démarche est pourtant utile et permet de sécuriser différents aspects liés au décès et à la succession.
Le testament permet de déterminer la répartition de ses biens après son décès. Mieux vaut donc l’anticiper assez tôt en tenant compte de votre situation patrimoniale et de vos convictions.
Il peut aussi indiquer le type d’obsèques souhaitées (cérémonie religieuse ou laïque, inhumation ou crémation, etc.).
Il existe deux types de testaments : le testament olographe (rédigé par vos soins) et le testament authentique (rédigé devant notaire en présence de deux témoins ou d’un autre notaire).
Un testament est révocable et modifiable à tout moment, jusqu’au décès. Cela veut dire qu’on peut l’annuler, en le remplaçant par un nouveau testament ou en le détruisant dans le cas d’un testament écrit olographe.
S’il est trop difficile pour vous de parler de ces sujets avec vos proches ou si eux ne sont pas prêts à vous entendre, vous pouvez quand même les informer que vous avez choisi de préparer votre fin de vie et que, le moment venu, ils n’auront qu’à prendre connaissance des choix et instructions mentionnés sur les documents en question.
C’est une façon de ne pas leur imposer une discussion douloureuse, tout en leur faisant comprendre que c’est important pour vous.
(Crédit photo : iStock / Anna Shvets)