Le don d’organes et le don de son corps à la science sont deux démarches bien distinctes. On vous explique tout.
Qu’est-ce que le don d’organes ?
Le don d’organes correspond au prélèvement d’organes et/ou de tissus d’un corps humain, le donneur, pour traiter un ou plusieurs patients en attente d’une greffe, les patients receveurs. Cet acte chirurgical peut s’effectuer sur des personnes de leur vivant ou sur des personnes en état de mort cérébrale. On parle alors de don d’organes post mortem (plus de 90% des cas).
En France, au nom de la solidarité nationale, le principe du consentement présumé a été instauré par la loi Caillavet du 22 décembre 1976 et réaffirmé par la loi du 26 janvier 2016. En d’autres termes, la loi stipule que nous sommes tous donneurs d’organes et de tissus, sauf si nous avons exprimé de notre vivant notre refus. Pour s’opposer au prélèvement de ses organes et de ses tissus après la mort, il suffit de s’inscrire sur le registre national des refus ou de faire valoir son opposition par écrit, puis de confier ce document daté et signé à une personne de confiance.
Le don d’organes est gratuit et anonyme. Le nom du donneur ne peut être communiqué aux receveurs et réciproquement, ce qui permet à ces derniers de se détacher psychologiquement de leur greffon. Si elle le souhaite, la famille du donneur peut cependant être informée des organes et tissus prélevés et du résultat des greffes. Une fois les prélèvements réalisés, le corps de la personne décédée est rendu à la famille pour que des obsèques puissent être organisées.
Qu’est-ce que le don d’un corps à la science ?
Le don d’organes se distingue du don du corps à la science, qui consiste à léguer son corps dans son entièreté à une faculté de médecine à des fins d’enseignement. La décision de donner son corps à la science est prise de manière individuelle. Seuls les adultes n’étant pas sous tutelle peuvent faire don de leur corps à la science. Ils doivent faire connaître leur décision de manière explicite de leur vivant. Pour ce faire, il est nécessaire d’adresser une déclaration papier, datée et signée à un centre de don au sein d’une faculté de médecine. La liste des centres de don est accessible sur le site de l’association française d’information funéraire (Afif).
Par la suite, les personnes souhaitant faire don de leur corps à la science reçoivent une carte de donateur qui devra être jointe au corps lors de son transfert jusqu’à la faculté après le décès. Contrairement au don d’organes, le corps n’est pas rendu à la famille dans le cas d’un don à la science. Certains centres prévoient de rendre les cendres si le défunt a exprimé ce souhait. Néanmoins, le délai s’écoulant entre le don du corps et la crémation est très variable (de plusieurs semaines à plusieurs années).
A l’heure actuelle, aucun texte ne précise qui est responsable du coût du transport du corps. La prise en charge des frais de transport incombe donc généralement aux familles. Toutefois, la loi relative à la bioéthique prévoit la publication d’un décret sur les structures bénéficiaires de ces dons et sur les conditions de prise en charge financière du transport des corps. A noter que dans certains cas, le don du corps ne peut avoir lieu, notamment lorsque le délai de 48 heures suivant le décès est dépassé, si les circonstances du décès nécessitent une expertise, en cas de maladie transmissible…
Prévenir les proches : un mal nécessaire
Qu’il s’agisse du don d’organes ou du don d’un corps à la science, il est primordial d’informer ses proches pour faire respecter son choix. Dans le cas d’un don d’organes, les dispositions légales exigent que les équipes médicales s’adressent à l’entourage pour recueillir le témoignage d’une éventuelle opposition du défunt.
Pour ce qui est de la volonté de donner son corps à la science, il est tout autant, si ce n’est plus important, de prévenir l’entourage et de dialoguer de manière approfondie autour du sujet. Malheureusement, dans de telles situations, les proches sont parfois négligés, alors que leur souffrance est réelle. Certaines familles se sentent frustrées car elles ne peuvent organiser d’obsèques et n’ont aucun lieu pour se recueillir. En être conscient en amont aide à surmonter le deuil.
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