L’année 2020 fut marquée par la pandémie de coronavirus et les confinements successifs. Selon Santé Publique France, en date du 23 décembre 2020, la France comptait 61 978 décès, dont 42 783 à l’hôpital. Pour celles et ceux qui ont perdu un être cher dans ces circonstances particulières, le processus de deuil fut particulièrement bouleversé. Retour sur une année compliquée.
Des périodes de deuil bouleversées en raison de la Covid-19
Alors que le deuil est déjà une étape de vie douloureuse, le contexte de pandémie a rendu la réalité encore plus difficile. En effet, les familles et l’entourage des défunts ont dû faire leurs adieux dans des circonstances particulières, face aux mesures très strictes imposées par l’Etat. Pour commencer, les cérémonies funéraires n’ont pu se dérouler que dans un cercle restreint, avec l’incapacité de se prendre dans les bras pour se réconforter. Les lieux de culte ont par ailleurs dû fermer un temps pour éviter la propagation du virus, obligeant les familles pratiquantes à n’organiser que des obsèques civiles.
A côté de cela, rester au chevet de son proche fut rendu impossible, alors que ce dernier moment d’accompagnement aide la famille à se préparer. Pour les personnes décédées de la Covid-19, la donne était encore différente puisque durant la première vague, il était impossible de voir les défunts avant la mise en bière et donc, de leur rendre un dernier hommage ou de se recueillir. Il était en outre interdit toute toilette funéraire chez les personnes contaminées. Un drame que de nombreux Français ont eu beaucoup du mal à vivre. Si depuis les mesures ont été assouplies autorisant, entre autres, les proches à voir le défunt avant la fermeture du cercueil, la situation sanitaire reste un obstacle au bon déroulement du deuil.
Deuil et coronavirus : des alternatives pour trouver du réconfort
En 2020, l’expérience collective du deuil a donc dû se réinventer, avec des alternatives. Par exemple, pour remédier à la limite du cercle des intimes avec 20 personnes au maximum lors d’un enterrement, certaines familles se sont tournées vers les nouvelles technologies, en diffusant les funérailles en direct sur les réseaux sociaux.
Des plateformes ont aussi créé des espaces en ligne pour permettre à tout un chacun d’exprimer ses condoléances et de laisser des messages aux défunts. En outre, un numéro vert fut instauré par le Ministère de l’Intérieur afin d’offrir aux citoyens croyants un soutien spirituel lors de la fermeture des lieux de culte. De nombreuses familles ont quant à elles décidé de repousser les obsèques ou d’organiser des hommages funéraires à une date ultérieure.
Crise sanitaire : qu’en est-il du deuil des soignants ?
La situation fut tout aussi compliquée à gérer pour les soignants, en première ligne en cette période de crise sanitaire. Si les équipes ont habituellement une certaine capacité à faire face à la mort, notamment en réanimation, elles ont été profondément marquées lors de l’année 2020. Interrogés sur ce qui les a le plus affecté, les personnels soignants ont évidemment évoqué le nombre de décès, bien plus élevé que d’habitude, mais aussi la douleur de voir les patients souffrir et partir seuls, sans famille à leurs chevets. Alors que les personnes en fin de vie sont généralement accompagnées par le cercle familial de leurs derniers instants, la pandémie a totalement inversé la tendance.
Dans certains cas, les soignants prennent même le rôle des proches et la période de deuil qui s’en suit n’en est que plus bouleversante. Si beaucoup éprouvent une réticence à parler du deuil lié au travail et ont tendance à le minimiser, voire à le refuser, le problème est réel. Des initiatives sont toutefois mises en place pour les aider à faire leur deuil. Citons par exemple le rituel de la « haie d’honneur », initié dans plusieurs EHPAD (Etablissements d’Hébergements pour Personnes Âgées Dépendantes), qui consiste à associer la famille, les soignants et les résidents à un hommage collectif rendu au défunt. Les équipes de santé doivent également pouvoir échanger et oser parler de la mort entre eux. Pour ce faire, des temps de paroles sont encouragés en réunion d’équipe tout comme le recours à des psychologues pour limiter les conséquences psycho-sociales.
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