A la perte d’un être cher, la famille est souvent la première sollicitée pour organiser les funérailles de l’être disparu. Toutefois, les membres de la famille n’ont pas tous la volonté de se charger de ces formalités, voire le temps de s’y consacrer pour diverses raisons. Des désaccords entre les proches peuvent survenir, rendant l’organisation des funérailles difficile, anxiogène. Vos conseillers funéraires doivent donc gérer ces désaccords avec beaucoup d’aplomb, de patience, et trouver des solutions lorsque la situation s’enlise. Explications.
Quelles sont les raisons des désaccords au sein d’une famille ?
Face au stress, à la peine, au délai de six jours imposé pour organiser les obsèques de leur proche, les familles se sentent démunies. Et plusieurs raisons peuvent renforcer les tensions entre les membres de la famille.
- Le testament ou l’absence de testament : la découverte des dernières volontés du défunt, ou justement l’obligation des proches endeuillés de prendre des décisions pour le défunt si ce dernier n’a pas laissé de testament peut créer des tensions. Chacun peut avoir son mot à dire, se sentir lésé, penser mieux savoir que l’autre ce que le proche aurait voulu.
- Les directives de fin de vie ont été données à l’oral : c’est ainsi plus compliqué de se fier à la bonne version. Les propos sont-ils correctement retranscrits et fidèles aux dernières volontés du défunt ? Les endeuillés vont-ils être d’accord avec ces directives ? Ont-elles bien été interprétées ?
- La croyance : il s’agit de l’une des causes de conflit les plus fréquentes. Si les dernières volontés du défunt ne sont pas en accord avec sa foi, ou ne correspondent pas à ce que les proches auraient souhaité, cela peut engendre des conflits. Si tout est écrit dans un testament, les proches endeuillés n’auront pas leur mot à dire. Si aucun testament n’est pas à déplorer, c’est là que les choses se compliquent. Certains prétendront que le défunt était croyant quand d’autres diront que non. Certains penseront qu’un enterrement vaut mieux qu’une crémation.
- D’ailleurs, le choix d’une crémation peut souvent diviser les membres de la famille. Bien que ce mode de sépulture soit de plus en plus choisi pour des raisons écologiques, la crémation est encore assez récente et certaines personnes peinent à l’accepter.
- Le don d’organes ou le don du corps à la science : souvent, ce choix doit être pris rapidement par les proches. Il est difficile pour les personnes qui vivent le drame depuis seulement quelques minutes d’accepter de se séparer du défunt, qu’importe l’enjeu qu’il y a derrière. De plus, il est d’usage pour les services d’urgences, de préférer se fier à l’opinion des proches, pour qui le choc de l’annonce est brutal, plutôt qu’à la présence ou l’absence du nom du défunt dans le registre de refus du don d’organe, par exemple.
Quelles sont les solutions pour régler les conflits ?
Face à une famille à la fois déchirée par les décisions à prendre et en plein deuil, triste, épuisée moralement, vos conseillers funéraires doivent intervenir et apparaître comme un soutien de qualité dans cette épreuve.
Bien que membres de la famille, le plus souvent, les proches doivent garder à l’esprit qu’ils ne peuvent pas faire ce qu’ils veulent pour organiser les obsèques du défunt. La loi du 15 novembre 1887 sur la liberté des funérailles indique que toute personne doit pouvoir organiser librement ses obsèques, choisir ce qu’il souhaite et estime cohérent avec son mode de vie, ses croyances, ses propres désirs. Et ces directives doivent être scrupuleusement respectées par toutes les personnes mises au courant (par testament ou voix orale) de ces volontés, qu’elles soient d’accord ou non avec les choix du défunt.
En cas de litige lors de l’organisation des funérailles, l’entreprise de pompes funèbres peut suspendre les démarches administratives en envoyant une requête à la mairie. Il s’agira alors de mettre en pause la demande d’autorisation d’inhumation ou de crémation le temps de trouver un terrain d’entente. Si les formalités n’avancent pas, votre conseiller funéraire doit indiquer aux familles qu’un juge prendra le relais pour établir les dernières volontés du défunt si celles-ci sont floues ou qu’aucun testament n’a été rédigé de son vivant. C’est donc le tribunal d’instance du lieu de décès qui doit être saisi, et dans les 24 heures suivant le décès pour garantir le respect des six jours d’organisation de funérailles.
Ainsi, le juge va déterminer la personne la plus encline de communiquer fidèlement les dernières volontés du défunt, via des sources écrites (il n’y a aucun impératif quant à la personne sélectionnée qui peut être de la famille, ou non). Ensuite, après étude de ces documents, le juge choisit la personne la plus adaptée pour organiser les funérailles du défunt dans la dignité et le respect de ses envies.
Comment apaiser les tensions ?
Votre rôle de conseiller funéraire repose sur l’accompagnement d’endeuillés au quotidien. Les conflits peuvent survenir, car les émotions sont décuplées chez les proches du défunt, qui tentent tant bien que mal de trouver un sens à leur existence, de se faire à l’absence insupportable de l’être aimé.
Gardez à l’esprit qu’ils sont sous le choc, sous tension, qu’ils préfèreraient mille fois faire autre chose que d’organiser les obsèques d’une personne qu’ils aiment.
Il est essentiel de faire preuve d’écoute, d’empathie mais aussi d’être ferme quant aux choix du défunt si ces derniers sont rédigés dans un testament. Tentez de faire comprendre aux proches qu’il en va de la dignité du défunt, d’un hommage sincère et fidèle à ce qu’il était et représentait pour chacun. Il s’agit de lui faire honneur, de respecter son choix, de lui permettre de faire son dernier voyage sereinement.
Les proches doivent donc se concentrer, l’espace de quelques jours, sur le défunt, ce qu’il souhaitait, aimait, ce en quoi il croyait, plutôt que sur leur peine et c’est un exercice difficile.
En cas de dispute sous vos yeux, n’hésitez pas à proposer aux proches de prendre un café, un thé, d’aller prendre l’air, de discuter avec eux, d’échanger sur un autre sujet. Essayez d’être présent pour eux, en les rassurant sur la fragilité émotive qu’ils ressentent, sur le fait que le défunt serait forcément attristé de voir les membres de sa famille se déchirer. Rappelez-leur les valeurs de la famille, le besoin de se soutenir, de s’écouter, de s’entraider en ces moments délicats. Donnez un temps de parole équitable à tout le monde pour que personne ne se sente lésé et investissez chaque membre dans l’organisation si tant est que la situation reste sous contrôle.
Les conflits peuvent survenir à tout moment, face au choc de la perte d’une personne importante. Le conseiller funéraire s’impose comme l’interlocuteur principal des familles et est en première ligne face à elles. Lorsqu’un conflit survient, il doit savoir à quel moment la situation nécessite la sollicitation d’un juge, pour garantir le respect des délais et surtout la dignité du défunt.
(Crédit photo : iStock)
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