La plupart des rites funéraires pratiqués dans les sociétés occidentales, comme en France, demeurent assez sobres : cérémonie à l’église, mise en terre et recueillement une fois par an, lors de la fête des Morts. Dans d’autres parties du monde, la fin de la vie terrestre représente avant tout le début d’une nouvelle vie céleste. Les vivants intègrent souvent la présence des défunts à leur quotidien au travers de traditions qui peuvent paraître insolites, comme a pu l’étudier la chercheuse en thanatologie, Juliette Cazes, au cours de ses voyages dans divers pays. Ses livres retracent ses découvertes : Cabinet de curiosités. Insolites, médicales et macabres et Funèbre ! tour du monde des rites qui mènent vers l’autre monde.
Tour d’horizon de quelques pratiques insolites.
Les cercueils suspendus aux Philippines
La tradition des cercueils suspendus viendrait, a priori, d’un peuple originaire du sud de la Chine. Ce rite consiste à envelopper les défunts dans un tissu puis à les attacher sur une chaise. Il existe une variante de ce rituel, pratiquée dans la ville de Sagada, au nord des Philippines. Sur la façade d’une falaise se trouvent des dizaines de cercueils accrochés de manière horizontale, les uns au-dessus des autres.
Cette technique a pour but de faciliter le passage des défunts de la terre vers le ciel. Selon la population locale, la suspension des cercueils à flanc de montagne garantit le repos des disparus, qui profitent ainsi du vent et du soleil, tout en évitant les attaques des animaux. Cette tradition s’avère si importante que les vivants conçoivent eux-mêmes les cercueils dans lesquels ils souhaitent reposer, au plus près de la voûte céleste.
La tradition des pleureuses chinoises
Comme leur nom l’indique, les pleureuses sont des professionnelles chargées de pleurer la mort d’un inconnu au cours des cérémonies funéraires. Cette tradition se révèle assez ancienne et existe toujours dans plusieurs pays à travers le monde. En Chine, les familles les engagent pour manifester ouvertement une grande tristesse lors d’un enterrement. La culture chinoise imposant une grande pudeur, les personnes endeuillées invitent avant tout ces professionnelles pour extérioriser leurs sentiments par procuration. Ce rituel sert également à prouver combien le défunt était apprécié et aimé.
Le retournement des morts à Madagascar
Au Sud de l’Afrique, et plus précisément à Madagascar, certaines populations pratiquent un rite appelé famadihana. Tous les sept ans, les corps des défunts sont exhumés afin que les vivants changent leur linceul. À cette occasion, les familles récupèrent donc les ossements de leurs ancêtres, remplacent le linceul qui les protège par un autre, blanc, et les portent à bout de bras en dansant, pour les rapprocher le plus possible du ciel. La cérémonie se termine avec l’enterrement des corps.
Les funérailles célestes du Népal
Le Népal est un pays à tradition bouddhiste. Dans cette religion, les oiseaux, et plus particulièrement les vautours, sont considérés comme des dakinis, c’est-à-dire des anges. Selon les préceptes du bouddhisme, ces animaux assurent le voyage des défunts entre la terre et le ciel, c’est pourquoi les corps sont offerts aux oiseaux après le décès. Si les touristes occidentaux ont souvent bien du mal à comprendre cette tradition, à Lhassa, capitale du Népal, elle revêt une grande importance pour les pratiquants de cette religion.
Le Dia de los Muertos au Mexique
Parmi les rites funéraires les plus connus au monde figure notamment la tradition du jour des Morts, Dia de los Muertos, qui se déroule au Mexique. Tous les 2 novembre, une grande fête est organisée pour honorer les ancêtres disparus. Pendant les festivités, les Mexicains dansent, jouent de la musique, prient et réalisent des offrandes aux défunts : repas, boissons, friandises, photos ou encens, les tombes se remplissent de cadeaux tout au long de la journée. Certains dressent aussi des autels à la mémoire de leur famille et les couvrent de fruits, de fleurs et de cierges. Il s’agit d’une fête extrêmement populaire au Mexique.
Les rites funéraires des Torajas, en Indonésie
Le peuple Toraja, qui vit sur l’île de Sulawesi, en Indonésie, célèbre sa propre fête des Morts tous les deux ans, au mois d’août. À cette occasion, les Torajas profitent de cette journée pour prendre soin des corps des défunts. Ils nettoient, habillent, coiffent et maquillent les corps avant de les promener dans le village pour les montrer aux habitants et ainsi honorer leur mémoire. Les croyances locales veulent que ce rite funéraire porte chance pour les récoltes et la production agricole de manière générale.
(Crédit photo : iStock / FG Trade Latin)