Une série de coutumes et de traditions relève du respect dû au corps pour avoir abrité l’âme durant son séjour terrestre et lui avoir ainsi donné la possibilité d’accomplir les mitsvot. Il doit être recouvert d’un drap, y compris le visage, car celui-ci est “à l’image de D.” ; Il ne doit pas être mutilé par l’autopsie ou diminué par le prélèvement d’un organe ; il fera cependant l’objet d’une « toilette » minutieuse équivalent à une purification au cours de laquelle on récitera ce verset du prophète Ezéchiel : “j’aspergerai sur vous de l’eau pure et vous serez purifiés de toutes vos fautes…” (Ez.36,25).
Toujours par respect, on est dispensé de toutes les autres mitsvot ; on aurait l’air de “se moquer du mort” puisque celui-ci ne peut plus en accomplir.
Jeter les eaux
Cette coutume tient au fait que l’eau est un excellent conducteur d’impureté ; la présence du mort contamine toutes les eaux puisées même celles du voisinage immédiat. Il convient donc de les jeter.
Les miroirs
Plusieurs sens s’attachent à la pratique de couvrir les miroirs de la maison où s’est produit le décès. Il faut éviter aux endeuillés de souffrir davantage en voyant le reflet de leur mine. Le corps du défunt pourrait s’y refléter et donner à imaginer une multitude de trépassés.
La Queri’a
La “déchirure” est une pratique qui remonte aux temps bibliques et exprime une douleur intense consécutive à un grand malheur. Face à la mort, il symbolise la séparation définitive d’un être cher ; elle se fait sur un vêtement mais c’est le cœur qui est déchiré, comme brisé par la souffrance. Elle exprime aussi le sentiment d’impuissance devant l’épreuve.
Aninout
C’est le temps le plus éprouvant pour les proches du défunt. Ils sont saisis de stupeur, d’incompréhension, voire d’indignation ou de révolte, ils sont sous le choc, et cela les empêche de ressentir la douleur, ne prenant pas encore conscience de l’absence définitive de l’être aimé. C’est peut-être pour cela qu’un danger pèse sur toute la famille. Comme s’ils avaient « une épée pointée vers leurs flancs » dit le Talmud. C’est pourquoi, déchargés de toute obligation religieuse, seule leur incombe celle de s’occuper des derniers devoirs dus au défunt. Il ne faut surtout pas tenter de les consoler : ils sont inconsolables ! « on ne console pas un endeuillé en présence du mort » nous apprennent les Pirké Avot (4). Ce serait inutile puisque la présence du mort ne cesserait de raviver sa souffrance.
La toilette
Si la mort constitue la source première de l’impureté, comment imaginer que l’on puisse “purifier” un cadavre ? D’autant plus que ce corps va se décomposer en terre et être la pâture des vers. La réponse à cette question peut être trouvée dans le midrach qui nous apprend que le corps et l’âme devront se présenter devant D. pour rendre des comptes sur leur passage sur terre; ainsi le corps ne pourra pas accuser l’âme de l’avoir poussé à la faute et l’âme ne pourra prétendre que seul le corps, fait de matière, est seul coupable. Le corps devra donc bien se présenter devant D. et rendre des comptes; il doit donc être lavé et nettoyée de toute souillure. En fait, cette purification a pour but d’anticiper cette confrontation avec D. il aura été préalablement “purifié de ses fautes” par l’eau dont parle Ezéchiel (36,25). On peut aussi considérer que cette toilette est toute symbolique : on part vers l’au-delà pour commencer une nouvelle vie faite de pureté et d’innocence.
Les vêtements mortuaires
On n’emporte rien avec soi après la mort. Ni fortune, ni gloire, ni médaille, ni victoire. Tous les hommes sont égaux à cet égard; le riche comme le pauvre, le savant comme l’ignorant… Le linceul blanc est le signe de cette égalité. Pour un homme, son talit s’ajoutera au linceul, symbole des mitsvot qu’il a accomplies dans ce monde, la seule chose qu’il emportera avec lui outre-tombe. Pour tous, sous la tête, un petit sachet contenant de la terre d’Israël. Pour amorcer, le temps venu, le retour vers la terre sainte.
L’incinération
L’incinération est par excellence, la volonté de l’homme de disparaître totalement, la négation de la résurrection et de la vie dans l’au-delà. En outre, elle implique rétrospectivement l’idée que le passage sur terre est une absurdité, un temps de souffrances, de haine et de misère, dépourvu de sens ; bref il suppose que D. n’existe pas, qu’il a encore moins créé le monde. Or toute cette conception est tellement à l’opposé de nos croyances que nos sages ont interdit de la façon la plus catégorique cette manière de disparaître.
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