Le continent africain fait face à un taux de mortalité assez élevé lié aux conditions de vie : famine, maladie, guerre. Autant d’éléments qui ont quelque peu banalisé la mort dans chaque pays africain. Ainsi, les pratiques entourant les funérailles d’un défunt respectent des codes bien précis. Quelles sont les traditions funéraires en Afrique ? Comment célèbre-t-on les morts ?
Le statut social du défunt
A l’instar de beaucoup de cultures, les funérailles du défunt dépendront de son âge et de son statut social. En effet, comme en Chine, la disparition et les obsèques d’un enfant seront plus discrètes. En Afrique, on considère que les enfants n’ont pas encore agi en faveur de leur communauté et sont donc moins célébrés. Les liens qui unissent des tribus, des familles, sont très forts. Il est coutume d’aider financièrement ses proches, de mener à bien des combats professionnels pour sortir les membres de sa famille d’une situation précaire. Ainsi, en tant qu’enfants, les Africains estiment qu’ils n’ont pas encore contribué au développement de leur famille. Ils pleureront donc leur perte discrètement.
Plus une personne est élevée dans la société, plus elle a contribué à l’enrichissement de sa communauté, plus ses obsèques seront spectaculaires.
Le rapatriement du défunt et la veillée funèbre
La tradition africaine veut que le défunt soit rapatrié dans son village natal. Et cela, même s’il vit à l’étranger. Si cette tradition n’est pas respectée, la honte, le déshonneur, et l’échec seront alors de mise.
Comme dans beaucoup d’autres cultures, une veillée a lieu lorsqu’un être cher perd la vie. Cette veillée peut durer de nombreux jours. Ce rite social et religieux est important pour les pays africains. Durant cette veillée, les proches peuvent prendre le temps de lui dire adieu. C’est aussi le moment privilégié pour prier les ancêtres disparus, et prier pour l’âme de l’être disparu afin qu’il soit béni par le Seigneur. Cette tradition a aussi pour vocation de prier pour la famille du défunt, l’aider à traverser cette période difficile.
Les funérailles africaines
L’heure est aux adieux rendus au défunt. Les traditions africaines veulent que le cercueil choisi pour l’être cher disparu soit clinquant, à la hauteur de son statut social. Le choix de la sépulture se portera de la même façon sur un monument très voyant, très grand.
Lors de l’enterrement du défunt, préféré à la crémation, des rites sociaux et culturels se manifestent.
A l’instar des rites musulmans, les Africains engagent des pleureuses. Ces dernières sont présentes pour pleurer de façon exagérée, crier, agoniser. Il n’est pas rare de voir des figurants engagés pour venir aux obsèques. Plus il y aura de monde, plus le défunt sera honoré aux yeux des membres du village. De nos jours, les endeuillés peuvent même porter des T-shirts à l’effigie du défunt, des badges. C’est une manière plus évidente de rendre hommage au disparu.
Une célébration “extraordinaire” au village
Les obsèques africaines peuvent durer plusieurs jours, voire même plusieurs semaines. Pour l’occasion, les familles endeuillées mettent tout en œuvre pour que les adieux à leur défunt soient exceptionnels. La tradition veut que l’on invite tout le village à un repas au dernier hommage rendu au défunt. Ainsi, plus de 500 personnes peuvent se réunir autour d’un repas, traditionnel.
Un buffet de grande ampleur est prévu par les familles, qui doivent composer et anticiper la venue de personnes extérieures au village.
Des conflits
Les cérémonies d’obsèques africaines sont synonymes de conflits entre les membres d’une même famille ou les membres du village. En effet, le continent africain est en proie à de grandes croyances entourant la sorcellerie, les esprits, ou tout simplement les tentatives d’empoisonnement.
De plus, les funérailles font également l’objet de tensions au sein d’une famille pour ce qui est de l’héritage du défunt. Les reproches fusent, la culpabilité naît. Des conflits surviennent régulièrement.
Des funérailles coûteuses
En Afrique, la célébration de la mort est un véritable gouffre financier. D’ailleurs, le secteur du funéraire y est plutôt lucratif. Beaucoup de familles s’endettent, parfois sur plusieurs années, pour organiser les funérailles d’un membre de leur famille. L’honneur est en jeu. On l’aura donc compris : les funérailles doivent être à la hauteur du statut social du défunt. Organiser un banquet de 500 personnes représente une somme colossale.
Heureusement, de nos jours, les assureurs africains démocratisent les contrats obsèques, justement pour prévoir cette cérémonie traditionnelle et coûteuse. Les familles ont pour habitude de réunir les économies de chacun ou de procéder à une tontine.
Ces funérailles sont également coûteuses pour les entreprises puisque le village tout entier est concerné par le décès d’un de ses membres. Les endeuillés ne vont plus travailler et cela pendant plusieurs semaines parfois.
(Crédit photo : Istock)