Notre tour du monde des rites et coutumes funéraires se poursuit cette fois-ci au nord de l’Afrique : en Egypte. Ce pays, riche d’une culture et d’une histoire bien connue est l’un des pionniers en matière de rites funéraires. Chaque personne a entendu au moins une fois dans sa vie parler des momies, des pyramides, des sarcophages, etc. Ce que l’on attribue à la culture égyptienne traditionnelle est en réalité totalement liée aux rites funéraires de ce pays. Explications.
La momification, qu’est-ce que c’est ?
La momification est le rite funéraire d’antan par excellence. Il s’agit du mode de conservation du défunt le plus abouti ! En effet, les Egyptiens, en momifiant un défunt, parvenaient à stopper le processus de décomposition naturelle du corps humain.
La décomposition du corps s’effectue par la présence de ces éléments dans le corps humain, que les Egyptiens vont tout simplement retirer : eau, oxygène, bactéries, champignons.
En Egypte, le climat se veut chaud et sec. Jadis, la population égyptienne s’est donc rendu compte que d’enterrer les défunts dans le désert permettait de mieux les conserver, et plus longtemps. Mais pour que cela fonctionne, il fallait retirer les organes susceptibles d’accueillir des bactéries dans le corps du défunt et il fallait ensuite faire sécher son corps au maximum.
Le processus de momification
C’est dans le per nefer, ou l’atelier d’embaumement, qu’avait lieu la momification des défunts. D’ailleurs, il arrivait que plusieurs embaumements aient lieu en même temps. L’ordre de hierarchie imposait au chef de l’atelier de porter un masque à tête de chacal représentant Anubis, qui n’est autre que le dieu de la momification. Les assistants du chef, quant à eux, prenaient en charge les bandages du défunt.
La momification suit un processus en 5 étapes qui dure environ 70 jours :
- Le lavage du corps : dans un premier temps, les embaumeurs s’occupaient de laver le défunt avec du vin. L’alcool a le pouvoir de tuer les bactéries du corps humain ! Ensuite, ils rinçaient le défunt avec l’eau provenant du Nil.
- Le retrait des organes : l’un des embaumeurs se chargeaient d’inciser l’abdomen du défunt sur l’un des côtés. Cette action permettait d’en retirer les organes internes, où logent les bactéries. Ensuite, ils ôtaient le foie, les poumons, l’estomac et les intestins du défunt. Ils les nettoyaient pour ensuite les placer dans du natron, un mélange naturel de sels de sodium, au fond des canopes, les vases traditionnels égyptiens. Les embaumeurs s’occupaient ensuite du cerveau du défunt, qu’ils retirent grâce à un long crochet qu’ils passaient par l’une des narines de la personne décédées. En cassant les cloisons du nez, ils étaient alors capables de liquéfier le cerveau du défunt, qui s’écoulait ensuite par le nez. Parmi les organes vitaux du corps humain, le coeur était conservé car selon la culture égyptienne, cet organe est considéré comme le centre de l’intelligence, mais aussi des émotions du défunt. Il en aura besoin pour passer dans l’Au-Delà.
- Le dessèchement : pour sécher le corps, les Egyptiens avaient pour rituel de recouvrir ce dernier de natron, et cela pendant 40 jours. Ensuite, le corps était complètement desséché.
- L’embellissement : une fois desséché, le corps du défunt était lavé une nouvelle fois avec l’eau du Nil. Afin de lui rendre son élasticité, les embaumeurs recouvraient le corps du défunt d’huiles parfumées mais aussi de baumes, comme l’encens et la myrrhe, une gomme résine. A la suite de cette étape, les embaumeurs remplissaient l’abdomen de sciure, de sable ou de bandelettes de lin pour redonner une forme “normale” au corps du défunt.
- L’enveloppement : vient ensuite la dernière étape de la momification. Il s’agit alors de recouvrir intégralement le corps de l’être cher disparu de bandelettes de lin. La coutume voulait que l’on commence par la tête et le cou. Pour faire tenir les bandelettes entre elles, les embaumeurs les collaient à l’aide d’une résine fondue : le bitume. Puis, pour chasser les mauvais esprits et permettre au défunt d’entamer son voyage vers l’Au-Delà, les embaumeurs plaçaient des amulettes entre chaque couche de bandelettes. Un prêtre venait aussi lire des prières pour protéger le défunt des esprits de l’Enfer.
L’intervention de la famille
Une fois cette momification terminée, la famille du défunt était en mesure de récupérer le corps de leur proche. Ils le plaçaient alors dans un sarcophage à forme humaine. Il était possible de graver des inscriptions sur le sarcophage, dans le but d’aider le défunt dans l’Au-Delà, qui pouvait être un monde difficile. Ainsi, le défunt était protégé et ne risquait pas de mourir une seconde fois.
Ensuite, la famille prenait soin d’amener le sarcophage dans une chambre funéraire et le plaçait debout, contre l’un des murs. Durant ce voyage vers la chambre funéraire, le convoi funèbre était constitué de pleureuses. Il s’agissait de personnes, souvent des femmes, dont le métier consistait à pleurer à chaudes larmes, à hurler de douleur, à crier, à se lamenter pour représenter la peine de la famille face à la perte de leur proche.
La tradition égyptienne voulait que des offrandes soient placées à côté du défunt. L’objectif était alors de lui permettre d’avoir une belle vie une fois dans l’Au-Delà. Les offrandes pouvaient être de la nourriture, des affaires personnelles, mais aussi des dessins. Les pyramides égyptiennes révèlent des dessins représentant la culture du blé, les moissons ou la création de la bière. Ces derniers permettaient à l’être disparu, une fois dans l’autre monde, de se rappeler sa vie d’avant. D’autres offrandes étaient réalisées pour pouvoir parler au défunt, et surtout lui demander de l’aide.
Ces pratiques funéraires n’existent plus aujourd’hui. Ces dernières restent représentatives du savoir de l’Egypte Antique, de l’étendue des compétences scientifiques et médicales de la population de l’époque ! Aujourd’hui, la crémation et l’inhumation restent les modes de sépulture les plus courants. Découvrez également les rites funéraires antillais, bouddhistes, Vikings, ou préhistoriques !
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