Précédemment, nous vous avons présenté les rites funéraires chinois, africains, et musulmans. Cette fois-ci, nous nous rendons en Amérique à la découverte des rites funéraires ancestraux des Amérindiens. Ces rites évoluent en fonction des communautés et du temps qui passe. Retour sur les traditions anciennes entourant les décès des Indiens d’Amérique et plus précisément du peuple Najavo, situé au nord-est de l’Arizona.
Le défunt a deux âmes
La plupart des Amérindiens pensent qu’un être vivant a deux âmes. L’une d’elles est considérée comme étant “libre“, sans attache, et peut quitter le corps d’un être vivant à tout moment (dans son sommeil ou au cours d’une maladie). Cette âme passait dans l’au-delà au décès du défunt.
L’autre âme est attachée à la cheville du corps. Par conséquent, cette dernière subissait le même sort que le défunt. Cette âme le poursuivait tout au long de son voyage.
Les Najavos voient la mort comme une renaissance, et c’est cette seconde âme, liée à la cheville du défunt, qu’il faut combattre afin de donner toutes ses chances à l’esprit de renaître paisiblement.
Cette communauté amérindienne respecte les esprits (animaux, humains, végétaux). Par exemple, avant de couper un arbre, les Najavos prient pour expliquer à l’arbre qu’il est coupé pour servir à une noble cause et non par méchanceté. Les rites funéraires entourant le décès d’un Navajo évoluent donc dans ce sens.
Le rite initiatique des Najavos
Chez les Najavos est pratiqué un “rite initiatique“. Cela signifie qu’à la disparition d’un proche, l’ensemble de la communauté démarre un jeûne. Ce jeûne dure entre 3 à 4 jours consécutifs. Durant ce jeûne, les Najavos doivent affronter la solitude et méditer. La méditation leur permet à tous d’avoir des visions de leur vie passée, présente ou de celle qui les attend à leur mort.
Les réserves, les lieux où vivent les communautés amérindiennes en autonomie, sont fermées aux étrangers durant ce rite initiatique.
La préparation du corps
Au décès d’un Najavo, les proches du défunt sont mobilisés pour commencer le rituel de la mort (dite : Du-wah-otch). Trois ou quatre membres de la communauté vont envelopper le défunt dans des couvertures ou peaux de bêtes, “neuves”, sans mauvais esprit. L’embaumement n’est pas pratiqué.
Ensuite, ils préparent un cheval, et le guident vers le Nord avec le corps du défunt sur le dos. Là-bas, ils enterrent le défunt et tuent le cheval. En tuant le cheval, ce dernier doit porter le défunt jusqu’à l’au-delà.
L’enterrement du défunt
Les Najavos ont peur des morts et plus particulièrement des mauvais esprits. Cette peur régit l’ensemble des rites funéraires liés au décès d’un membre de la communauté.
Ainsi, les Navajos ne ferment jamais entièrement le cercueil du défunt, pour que l’âme accrochée à sa cheville puisse partir à tout moment.
Lorsqu’ils creusent la tombe, les Najavos prennent soin de ne laisser aucune trace de pas autour de la sépulture, pour éviter là encore les mauvais esprits. Autrefois, les défunts étaient suspendus aux arbres, hors de portée des animaux affamés. Il arrivait également que des échafaudages en bois soient montés pour y placer le défunt, face au ciel.
Il était d’usage autrefois de tuer les animaux du défunt et de les placer avec lui dans la tombe.
En signe de deuil, les femmes se coupent les cheveux.
Les cimetières amérindiens sont parfois difficiles à trouver, puisqu’ils avaient peur du mauvais esprit. L’objectif était alors d’enterrer les défunts le plus loin possible pour ne pas risquer d’être hanté.
La peur des morts
Les Najavos ont peur d’être hantés par les esprits des personnes décédées dans leur communauté.
Plusieurs traditions existent autour de cette peur :
- L’enterrement peut être réalisé par une autre famille que celle du défunt.
- Les proches du défunt brûlaient parfois la demeure de ce dernier et ses effets personnels pour ne pas rencontrer le mauvais esprit.
- Les proches et la famille du défunt pouvaient même déménager pour ne pas vivre là où l’âme du défunt a vécu avant son décès.
- Les morts sont enterrés très loin, pour couper le lien avec les humains encore en vie.
- Dans d’autres communautés, il arrive que des modifications soient effectuées dans la demeure de la famille endeuillée : la porte est déplacée tout comme le trou de la fumée pour “tromper” le mauvais esprit du défunt s’il souhaite revenir.
Les rites funéraires amérindiens et plus précisément ceux des Najavos sont particuliers et ont pour objectif principal d’éviter d’être hanté par le défunt.
Cette peur des morts les conduit donc à pratiquer quelques coutumes traditionnelles. Certaines sont encore pratiquées, d’autres disparaissent avec le temps et la vie moderne.
(Crédit photo : istock).