Bien souvent dans l’idée populaire, la Toussaint le 1er novembre correspond à la date où les morts sont célébrés. Mais c’est bien le 2 novembre que cela intervient, le jour calendaire des défunts. Dans la tradition catholique, ce début de mois de novembre est dédié au recueillement, à la prière et à la pensée. Pour autant, si les chiffres concernant l’achat de fleurs pour la Toussaint baissent de plus en plus en France, ailleurs dans le monde, la célébration des morts est toujours d’actualité.
Toutes les dates autour de la fin du mois d’octobre et le début du mois de novembre peuvent être confondues relativement facilement. Jour des morts le 2 novembre, Toussaint le 1er novembre, Halloween le 31 octobre. Des dates qui tournent autour de célébrations funéraires mais qui ne sont pas égales pour autant en termes de festivité, de symboles et surtout de géographie. Beaucoup de pays résistent à l’idée qu’une célébration colorée et festive n’est pas similaire au Halloween anglo-saxon. Des différences notables et importantes à rappeler pour éviter toute confusion et pour mieux comprendre l’essence des rites à l’occasion du jour des morts.
El dia de los Muertos au Mexique : la plus célèbre
De plus en plus pris en exemple d’évènement funéraire festif et coloré, El dia de los muertos au Mexique est plus complexe qu’une simple fête joyeuse. Une origine débattue tant en termes de chronologie que de géographie dans le territoire. Des références préhispaniques, un syncrétisme (mélange de croyance locale et d’une religion majoritaire, ici le catholicisme) et de nombreux symboles forts viennent ponctuer ces célébrations qui s’étendent sur plusieurs jours avec défilés et animations jusqu’au moment crucial entre le 31 octobre et le 2 novembre.
Dans les années 1990, une percée des symboles américains d’Halloween ont fait une tentative d’apparition au sein d‘El dia de los muertos. Mais ces symboles restent relativement écartés de ces célébrations pour des raisons symboliques, politiques et de conservation de la tradition.
La mise en place d’un autel dans les habitations, d’un altar, fait partie de la tradition afin d’honorer les morts. La famille dispose des offrandes pour les défunts comme des fleurs, de la nourriture ou encore des boissons le tout destiné aux morts pour le grand voyage entre le monde des disparus et le monde des vivants. Sans oublier la visite au cimetière en fin de journée et pendant la nuit où fleurs, bougies et décorations apportent une vision féérique pour cet évènement unique. Cet ensemble de gestes permettent d’honorer, se souvenir et prier afin de célébrer la fête des morts et entretenir la mémoire de ces derniers. El dia de los muertos est une fête qui est protégée depuis 2008 sur la liste représentative du patrimoine culturel et immatériel de l’UNESCO.
La Calabiuza au Salvador : la plus ancestrale
Le 1er novembre au soir, les habitants du Salvador et plus particulièrement à Tonacatapeque, les habitants attendent la nuit pour célébrer La Calabiuza qui sera suivie le lendemain par un traditionnel Dia de los disfuntos. Il pourrait être facile d’assimiler cette célébration où défilent jeunes et moins jeunes à Halloween, mais a contrario, certains habitants voient dans La Calabiuza une façon de conserver les traditions et de rejeter la fête américaine.
Ils appuient alors la volonté de faire vivre et survivre la culture salvadorienne. Une célébration aux origines troubles qui a disparu entre 1979 et 1992, période de la guerre civile et qui est à nouveau célébrée depuis les années 90. Une façon de faire vivre la culture locale et de la porter en étendard, et ce malgré l’histoire et la guerre qui a frappé le pays lors du siècle dernier. C’est le jour suivant, le 2 novembre que les morts reçoivent la visite des vivants au cimetière pour y apporter des fleurs et faire un pique-nique.
U juornu rii muorti en Sicile : la plus sucrée
Le 2 novembre et la fête des morts se célèbrent également dans cette charmante partie de l’Europe. Comme dans de nombreux pays, la visite du cimetière est une étape clé de la journée afin de fleurir et d’apporter des présents aux disparus. Comme dans de nombreuses célébrations de ce type, c’est également pour entretenir un lien fort entre vivants et morts mais aussi entre les générations, le fait que la tradition est respectée et maintenue.
En nourriture, puisque cette dernière est souvent la bienvenue lors des fêtes des morts, on retrouve la Frutta di Martorana qui se présente sous forme de pâte d’amande travaillée pour recréer des fruits factices. On retrouve également le ossa di morti qui est un biscuit à base de farine, d’eau de sucre mais également de cannelle en forme d’ossement. Mais, ce qui est très amusant pour cette journée spéciale en Sicile, c’est qu’il est de coutume d’offrir des sucreries et des cadeaux aux enfants en leur disant que cela provient de leurs ancêtres. Bien sûr, des nuances existent selon les villes et régions de cette zone géographique, mais les journées dédiées aux morts sont festives et dans le respect des anciens !
Au Japon, la période de O bon
Bien que cette célébration ne corresponde pas au calendrier en lien avec les fêtes des morts début novembre, il est intéressant de se pencher sur cette période de l’année au Japon. Puisant ses racines en Chine, la célébration au Japon est désormais un moment privilégié dans l’année pour que chacun puisse retourner dans son village ou sa ville natale. On agrémente l’autel domestique de cadeaux et on nettoie les tombes pour honorer les ancêtres.
Des lanternes sont allumées devant les maisons et comme pour de nombreuses fêtes en lien avec la mort, le rapport à la nourriture est important avec des offrandes de qualité. L’idée est bien sûr de se retrouver en famille et de partager un moment convivial en mémoire de ceux qui ont quitté le monde terrestre. Les dates pouvant changer selon les régions, le O bon intervient généralement en été ce qui provoque de grands déplacements dans l’île. Il est possible de découvrir des danses traditionnelles qui sont les Bon-Odori où chacun peut participer dans une très bonne ambiance.
Ce petit tour du monde s’achève et nous montre qu’il y a énormément de façons différentes de célébrer les disparus dans le monde et à différentes dates. Si les célébrations du début novembre nous marquent, l’occasion est belle pour se souvenir que célébrer les morts peut aussi se faire de façon solennelle mais festive. Honorer les défunts, c’est se souvenir des êtres que nous avons aimés et cela peut apporter de bons souvenirs et de bons moments à construire en famille ou à l’échelle individuelle autour de leur mémoire.
(Crédit photo : istock)