L’humusation a vu le jour il y a quelques années et repose sur le principe du retour à la terre. Présentée comme une alternative écologique à l’enterrement et à la crémation, cette méthode consiste à disposer les corps des défunts dans un mélange de micro-organismes facilitant leur décomposition pour former un terreau fertile servant à la plantation d’arbres. Interdite en France, cette pratique n’implique pas de cercueil, mais offre tout de même la possibilité d’une cérémonie d’obsèques habituelle.
L’humusation, version écologique de l’enterrement traditionnel
Le terme « humusation » constitue, en réalité, un néologisme entre « terramation », qui renvoie à la décomposition du corps des défunts, et « humus ». Il s’agit, en pratique, de laisser les corps se décomposer directement dans un terreau spécial, constitué de micro-organismes végétaux présents dans les premiers centimètres du sol. Ainsi, l’enveloppe charnelle des défunts réintègre naturellement le cycle du vivant et se transforme, au bout de douze mois, en matière fertile servant de base à la plantation de centaines d’arbres. Les cimetières habituels se voient alors remplacés par des centres de mise en humusation, aussi appelés “Jardins” ou “Forêts de la Métamorphose”. Une partie du terreau fabriqué à l’issue de la décomposition des corps des défunts sert ensuite à fertiliser un arbre en particulier, planté dans un “Bois du Souvenir”, en guise d’hommage au défunt.
Développée dans les années 2010 par Francis Busigny, l’humusation se présente comme une alternative écologique à l’enterrement et à la crémation traditionnels. La seule différence réelle avec la première option reste l’absence de cercueil. Pour entrer en symbiose avec la terre, le corps du défunt est déposé dans le mélange de micro-organismes, appelés « humuseurs », protégé par un linceul biodégradable. Du reste, la cérémonie et le processus d’inhumation demeurent identiques à n’importe quel enterrement tel que nous le connaissons en France.
Une pratique encore interdite en France
La loi française impose d’enterrer le corps des défunts dans un cercueil. L’article 16-1-1 du Code civil indique, en effet, que « les restes des personnes décédées, y compris les cendres de celles dont le corps a donné lieu à crémation, doivent être traités avec respect, dignité et décence ». L’humusation, qui repose justement sur le contact direct avec la terre, est donc une pratique interdite dans l’Hexagone, bien que sa mise en place soit étudiée dans certains pays voisins, comme la Belgique.
Le processus d’humusation en quatre étapes
Cette pratique funéraire repose sur un processus en quatre étapes : la préparation du corps et la cérémonie, la mise en terre, la décomposition du corps et la réutilisation du terreau obtenu au bout de douze mois.
La première étape consiste à préparer le corps. Enveloppé dans un linceul biodégradable, celui-ci est disposé sur un lit de 20 centimètres de copeaux de bois humidifiés, mélangés avec de l’argile. Pour une symbiose optimale avec la terre, le corps du défunt ne reçoit pas de soins de conservation particuliers. La mise en terre représente aussi le moment de la cérémonie, au cours de laquelle les proches du disparu peuvent s’exprimer et placer une stèle en bois ou en marbre devant ce qui deviendra la tombe de l’être cher.
Le corps du défunt est ensuite recouvert d’un mélange d’éléments biologiques : copeaux de bois, paille, feuilles mortes, tonte de pelouse et lignite, favorisant sa décomposition. Le volume de cette couverture biologique gravite autour de deux mètres cube. On parle également de formation de butte, en raison de la forme finale de la tombe, protégée en son sommet par un tissu écoresponsable.
À la suite de cette étape, la décomposition naturelle commence. Ce processus s’étend sur une année, mais à l’issue des quatre premiers mois, les matières molles du corps humain se sont déjà décomposées. Seuls restent, dans la terre, les ossements et les prothèses métalliques, que des professionnels agréés appelés se chargent de retirer. Ces derniers s’occupent également de réduire les os et les dents en poudre avant de les replacer dans la butte.
La dernière étape de l’humusation intervient douze mois après la mise en terre. Le corps s’avère alors totalement décomposé, sous la forme d’environ 1,5 mètre cube d’humus prêt à l’emploi. Le terreau ainsi formé permet de fertiliser une centaine d’arbres. Cependant, 15 litres de ce mélange reviennent à la famille, qui peut s’en servir pour faire grandir un arbre planté dans le Bois du Souvenir.
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