C’est le plus souvent à cause de l’âge que certaines personnes se mettent à éprouver des difficultés à gérer leur budget. Pertes de mémoire, problèmes d’organisation ou difficultés à prendre des décisions peuvent rendre la gestion de l’argent de plus en plus compliquée. Il devient alors indispensable de prendre le relais car votre proche risque de se mettre très vite en danger financièrement. Comment intervenir en étant utile et respectueux de l’autonomie de la personne aidée ?
Réagir aux premiers signes de difficultés
A quel moment votre proche aura-t-il besoin d’aide pour gérer son budget ? Plusieurs signes peuvent tout d’abord vous alerter : factures non ouvertes ou en retard, achats inhabituels, difficultés à remplir un chèque ou à retirer de l’argent…Certaines limitations physiques sont également susceptibles de créer des difficultés supplémentaires : une mauvaise vue peut empêcher les personnes âgées de voir correctement les chiffres, l’arthrite peut rendre la tenue d’un stylo difficile tout comme le classement des papiers…
Lorsqu’une personne n’est plus « apte » à gérer son budget et se met potentiellement en danger, il est nécessaire de prendre les choses en main. Mais la difficulté est alors de ne pas priver la personne âgée de l’autonomie qui lui reste.
Pour cela, il faut adapter son aide au besoin de la personne âgée dépendante et ne pas lui imposer des restrictions trop contraignantes. Selon le niveau de dépendance, la démarche à suivre ne sera pas la même.
Accompagner votre proche de manière progressive
La gestion du budget est un sujet sensible : votre aide doit être progressive et vous ne devez intervenir que lorsque cela est nécessaire. Si votre proche est encore capable de gérer ses dépenses, respectez ses décisions et travaillez avec lui au lieu de prendre la relève.
Vous pouvez commencer par simplement surveiller ses dépenses. Demandez-lui ses tickets de caisse ou regardez ses comptes avec lui, sans pour autant en prendre le contrôle (consultez ses comptes bancaires sur Internet s’il vous a transmis ses identifiants).
Vous pouvez ensuite l’aider en douceur et de manière non intrusive, par exemple en remplissant ensemble un chèque ou en réglant une facture en retard. Votre proche s’habituera ainsi progressivement à votre soutien et ne l’appréciera que mieux car il saura que vous l’accompagnez et que vous ne cherchez pas à l’infantiliser.
Dans le cas d’une perte d’autonomie légère, de nombreuses solutions simples permettent de faciliter la vie de votre proche. Vous pouvez commencer par rassembler et ranger dans un dossier ses documents essentiels : numéros de comptes bancaires et produits financiers, assurances, crédits… Assurez-vous bien que toutes ces informations sensibles se trouvent dans un emplacement sécurisé mais facile d’accès.
Proposez ensuite à votre proche de régler par virement automatique l’ensemble de ses factures régulières telles que l’électricité, l’eau ou le gaz, son loyer ou ses abonnements divers (Internet, journaux, magazines…).
N’hésitez pas à proposer votre aide, sous forme de conseils, pour certaines tâches complexes telles que la déclaration d’impôt.
Gérer les comptes de la personne âgée
Vous pouvez aussi intervenir plus directement sur la gestion du budget de votre proche en ayant procuration sur ses comptes bancaires. Cette solution doit être faite avec son accord et peut vous permettre d’anticiper une hospitalisation de longue durée ou une perte d’autonomie. Une procuration sur les comptes se signe à la banque en présence des deux parties et il est possible de limiter sa portée à certains montants ou à certaines opérations spécifiques (signer un chèque, faire un virement, retirer de l’argent…).
Bien entendu, une fois la procuration établie, vous devez agir uniquement dans les intérêts de votre parent. Plusieurs mandataires peuvent être nommés et agir soit individuellement soit de manière conjointe.
Il est fortement conseillé de parler de cette démarche de procuration entre frères et sœurs, car il n’est pas rare de voir des conflits se créer au sein des familles concernant la gestion des comptes bancaires. Il est donc recommandé de gérer cela de la manière la plus transparente possible et de communiquer avec vos frères et sœurs régulièrement.
Dans tous les cas, il est impératif de noter toutes les dépenses effectuées en cas de contrôle de l’administration fiscale.
Protéger les plus fragiles
Votre proche vit seul, a perdu toute notion de l’argent, ne regarde plus ses comptes bancaires et s’est même déjà fait escroquer ? Une mesure de protection judiciaire peut alors être envisagée. Il s’agit d’une mesure d’accompagnement plus soutenue qui s’opère dans un cadre légal parfaitement défini à l’avance. Un médecin agréé doit tout d’abord établir un certificat médical attestant de l’altération des facultés de la personne à protéger. Vous contacterez ensuite un juge des tutelles qui pourra vous désigner comme curateur et vous aidera à choisir la mesure de protection la plus adaptée :
- La curatelle simple s’adresse aux personnes les moins vulnérables, capables de gérer elles-mêmes leur budget. Le curateur n’intervient que pour les actes importants susceptibles d’engager le patrimoine : achat ou vente de bien immobilier, donation, succession ou emprunt.
- La curatelle renforcée concerne les personnes les plus vulnérables, capables de dilapider leur patrimoine. Le curateur perçoit les revenus de la personne proférée, gère ses comptes bancaires et règle toutes les dépenses.
- La tutelle est la mesure la plus lourde et concerne les personnes ayant perdu toute autonomie psychique. Le tuteur gère l’ensemble des biens de la personne protégée, comme pour une curatelle renforcée, mais l’assiste également dans tous les actes de la vie civile (mariage, divorce, élections…).
Quel que soit l’état de santé et le degré d’autonomie de votre proche, prenez l’habitude de discuter ouvertement avec lui de son budget et de ses objectifs financiers. Le plus important est d’anticiper suffisamment longtemps à l’avance et d’agir par étape en vous adaptant à ses besoins.
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