Longtemps dominée par l’inhumation, en raison de traditions religieuses et d’usages profondément ancrés, la crémation gagne aujourd’hui du terrain en France. Cette mutation des préférences, observable depuis plusieurs décennies, s’explique par des facteurs multiples. On fait le tour du sujet.

Quelles sont les différences entre la crémation et l’inhumation ?

Passons tout d’abord en revue les différences entre la crémation et l’inhumation. Dans le premier cas, le corps du défunt est incinéré dans un crématorium à haute température, réduisant les restes en cendres. Dans le second, le corps de la personne décédée est disposé dans un cercueil et enterré dans un cimetière. La crémation est souvent moins onéreuse que l’inhumation, qui implique l’achat d’une concession de terrain, d’un cercueil et parfois d’une pierre tombale. Elle est souvent associée à des religions comme le bouddhisme ou l’hindouisme, ou perçue comme une démarche plus moderne. Néanmoins, l’inhumation reste une tradition ancrée dans les religions monothéistes comme le christianisme, le judaïsme ou l’islam.

L’impact environnemental, bien que différent, reste plus ou moins similaire dans les deux cas. En effet, les crémations produisent des émissions de CO₂ et impliquent une grande consommation d’énergie, ce qui a un impact écologique non négligeable. Pour ce qui est de l’inhumation, l’utilisation de cercueils, de pierres tombales et de produits chimiques pour la conservation des corps soulève aussi d’importantes questions.

Quelle option est la plus courante en France ?

Dans l’Hexagone, les deux pratiques sont courantes mais l’inhumation reste majoritaire, en particulier dans les zones rurales ou parmi les personnes âgées et les familles attachées aux traditions religieuses. Cependant, la préférence pour la crémation s’affirme de plus en plus. L’étude Services Funéraires-Ville de Paris / Ipsos « Les Français et les obsèques » montre que les Français sont désormais majoritairement favorables à la crémation pour eux-mêmes comme pour un proche (à hauteur de 56 %). D’après l’Association Française d’Information Funéraire, le nombre de crémations devrait représenter 50 % des obsèques en France d’ici 2030, en particulier dans les grandes agglomérations.

Pourquoi la crémation gagne du terrain en France ?

Plusieurs facteurs peuvent expliquer cet engouement croissant pour la crémation.

Les pratiques religieuses évoluent

Pour commencer, la France connaît une sécularisation grandissante, avec une baisse de l’adhésion aux rites religieux traditionnels, en particulier dans le christianisme. D’ailleurs, si historiquement l’Église catholique privilégiait l’inhumation, elle a assoupli sa position sur la crémation en 1963, ce qui a facilité son adoption. La crémation est souvent perçue comme une pratique laïque, offrant une alternative adaptée aux personnes qui ne souhaitent pas de rites religieux classiques.

L’option est moins chère et considérée comme plus moderne

A côté de cela, la crémation est généralement plus accessible financièrement que l’inhumation. Les proches n’ont pas à acheter de concession funéraire et choisissent souvent des cercueils moins onéreux. De plus, elle est considérée comme une pratique plus pragmatique, s’adaptant mieux aux modes de vie actuels. A titre d’exemple, l’entourage, de plus en plus dispersé géographiquement, ne peut pas toujours entretenir une sépulture. La crémation, en réduisant les contraintes liées aux tombes, répond à ce besoin de flexibilité.

L’impact environnemental est moins important

Entre l’entretien des tombes, la confection de cercueils et la thanatopraxie, l’inhumation a un impact non négligeable sur l’environnement. Bien que la crémation ne constitue pas une pratique éco-responsable (émissions de CO₂), elle est tout de même perçue comme une alternative plus respectueuse de l’environnement, notamment dans les zones urbaines où l’espace est limité. Des solutions plus écologiques, comme les urnes biodégradables, renforcent encore plus cette perception.

La méthode n’est plus taboue et permet une personnalisation des cérémonies

Enfin, si la crémation était autrefois considérée comme une pratique marginale ou taboue, elle est dorénavant acceptée et intégrée dans les mentalités. Elle permet en plus une personnalisation des cérémonies, avec des choix variés pour la destination des cendres (dispersion dans la nature, dans un jardin du souvenir, dans un columbarium…).

(Crédit photo : iStock / urbazon)